Post-partum : matrescence, bonheur, manque de sommeil, émotions fortes et dépression

 
post-partum mère fille

Cela fait très longtemps que je souhaite écrire cet article. Au départ je voulais faire ce bilan 9 mois après la naissance de Lili-Rose (9 mois dedans/9 mois dehors) mais je n’ai jamais trouvé le temps de l’écrire (être mumpreneur ça occupe 😆) alors nous voici dix-sept mois après mon accouchement pour parler de mon post-partum et de comment je vis ma maternité. Il s’agit évidemment de mon expérience personnelle. Chaque maman vit son post-partum de manière différente. Mais je pense que beaucoup d’entre vous se retrouveront dans mon témoignage. Si vous me suivez sur mon compte instagram ou si vous avez lu mes articles consacrés à ma grossesse vous savez qu’avec moi il n’y a pas de tabous. Je partagerai donc autant les grands moments de bonheur que les coups durs.

Qu’est-ce que le post-partum et combien dure cette période ?

Le post-partum, médicalement, désigne la période qui commence après l’accouchement, au moment de l’éjection de placenta, et se termine au premier jour du retour des règles. Dans les faits, le post-partum peut durer bien plus longtemps, généralement de un à trois ans. C'est une période forte en émotions. On peut passer du rire aux larmes. Connaître une grande fatigue et parfois même des moments de solitude et de dépression. Les hormones chamboulées en sont en partie la cause. C'est aussi bien au niveau physique qu'au niveau psychologique que l’on peut ressentir ces déséquilibres.

Un quart des femmes ressentent des symptômes dépressifs importants dans les trois ans suivant la naissance de leur enfant. C'est ce que révèle une étude menée aux Etats-Unis où l'Académie de pédiatrie plaide pour un suivi plus long des mamans après leur accouchement. Je suis tellement d’accord !

La dépression post-partum touche entre 10 et 15% des femmes dans l’année suivant leur accouchement. Les principaux symptômes se manifestent généralement entre quatre et six semaines après la naissance. Mais selon des chercheurs américains, ils peuvent apparaître beaucoup plus tard chez certaines femmes. 

Comment se préparer au quatrième trimestre ?

Je m’étais beaucoup préparée à l’après. Notre génération à la chance d’être un peu mieux informée sur le post-partum que nos parents ou grands-parents. J’ai écouté des podcast dont mon chouchou “La Matrescence”. J’ai lu des témoignages sur les blogs ou réseaux sociaux, mais aussi des livres comme “Bien vivre le quatrième trimestre au naturel” et “Le mois d’or” que devraient lire selon moi tous les futurs parents. Mais évidemment chaque post-partum est différent, unique,  comme l’est notre enfant.

Il faut aussi prendre en compte l’environnement dans lequel on vit et si notre partenaire peut ou non être présent après l’accouchement, et pour combien de temps. Aux Pays-Bas, le congé paternité est de 5 semaines. Shu a donc pu être présent 24h/24 durant cette période et je ne sais pas comment j’aurais fait sans lui, vraiment. Surtout quand on allaite je pense que la présence du papa (ou de la deuxième maman) est essentielle. Grâce au Covid, Shu continue de télé-travailler je peux donc toujours, en cas de cacastrophe/grosse crise/besoin du break, l’appeler à l’aide. Je mesure ma chance.

Il est vraiment important à mon sens de sensibiliser sa famille et ses proches à la façon dont on souhaite vivre son post-partum. Par exemple, ne pas hésiter à demander de l’aide avant la naissance pour préparer des repas à congeler afin d’avoir toujours un repas chaud à manger sans trop d’efforts. Mais aussi leur expliquer que l’on a beau les aimer très fort et que l’on souhaite évidemment qu’ils rencontrent notre bébé, le faire à la maternité ou juste après l’accouchement n’est pas forcément le moment idéal. 

Je souhaitais vraiment que l’on reste rien que tous les trois le plus longtemps possible. J’avais demandé à ma maman de ne venir nous rendre visite que 40 jours après la naissance. Le reste de mes proches n’a pas pu nous rendre visite, notamment à cause du Covid. Pour certains cela peut paraître un peu extrême mais nous vivons à l’étranger, et recevoir ma famille impliquait de devoir les héberger chez nous. Et je ne voulais pas avoir à me préoccuper de les recevoir, avoir à me forcer à descendre dans notre salle à manger pour les repas etc si en fait je souhaitais seulement rester au lit avec mon bébé.

Mais même si votre famille vit à côté de chez vous, je ne peux que vous recommander de minimiser les visites et de les écourter les premières semaines. Notamment si vous souhaitez allaiter.

Les premières semaines, que du bonheur ou presque

Premièrement, je n’ai pas l’impression d’avoir vécu ce fameux “baby blues” que je craignais tant. Ayant vécu une dépression prénatale lors de mon premier trimestre, le risque était plus élevé pour moi. Les premières semaines j’étais clairement shootée aux endorphines et au bonheur. J’ai eu l’accouchement dont je rêvais (récit disponible ici), ma fille était magnifique et je pouvais enfin la tenir contre moi, mon mari était là à nos côtés à chaque instant et j’ai été très bien suivie par ma sage-femme.

La seule ombre au tableau au départ a été mes problèmes avec l’allaitement. Un allaitement qui me tenait tellement à cœur. Les seules larmes qui ont coulé étaient dues à la douleur des crevasses et à la culpabilité de ne pas pouvoir nourrir ma fille comme je l’aurais souhaité. J’ai dû renoncer à un allaitement exclusif, et me battre pour continuer à l’allaiter pendant quatre mois en alternant avec les biberons.

En revanche à ce moment-là, l’état de mon corps, les autres éventuelles douleurs, les pertes de sang, l’isolement à cause du Covid, les nuits courtes… tout ça n’avait vraiment vraiment aucune importance. J’étais si heureuse d’être enfin maman.

Quelques mois plus tard, le contrecoup

C’est finalement bien après l’accouchement que les coups au moral ont commencé à survenir. On nous avait toujours dit que les trois premiers mois étaient les plus compliqués mais pour nous ça a finalement été l’inverse. C’est après que les choses ont commencé à devenir plus difficiles. Les coliques et les reflux dûs en partie à une allergie aux protéines de vache, l’absence de vie de couple car pour des raisons de survie Shu dormait sur le canapé et Lili-Rose et moi dans notre chambre, la frustration de ne pas pouvoir travailler,  et puis ce corps que je ne reconnaissais plus du tout.

Ça a été comme un gros contrecoup. Pour la première fois on s’est sentis seuls et démunis. Lorsque la fatigue s’accumule à cause du manque de sommeil, de l’absence de relais et de moyen de garde, que des tensions se créent à cause de cette fatigue et que la patience s’amenuise,  la déprime peut petit à petit s’installer sans qu’on y prenne garde. Même si l’on a voulu plus que tout son bébé. Même si on l’aime plus que tout. Même si les premières semaines/mois se sont bien passés, on peut craquer ou se sentir dépassé bien plus tard. 

Se faire aider pour le sommeil de son bébé

Le plus dur, et je pense que la majorité des parents le confirmera, c’est le manque de sommeil. Ce n’est pas pour rien que la privation de sommeil est utilisée comme moyen de torture. Ajoutez à ça les pleurs d’un bébé et n’importe qui confessera n’importe quoi. 

Avec Shu dès le départ nous avons mis en place un système de tours de garde qui nous permettait à chacun de dormir au moins 5/6h d’affilée. Lui était de garde jusqu’à 3h30 du matin (il restait éveillé jusqu’à cette heure là car il travaillait sur des projets perso et s’en occupait si elle se réveillait) et moi je prenais le relais pour le reste de la nuit et devais donc gérer tous les réveils.

Quand Lili-Rose a eu 5 mois nous avons fait appel à une conseillère en sommeil. Nous avions deux soucis principaux : elle ne faisait que des micro siestes de 20 minutes à part si elle dormait sur moi, et elle se réveillait extrêmement tôt 5H/5h30 sans pouvoir se rendormir ensuite. Notre conseillère Nadège de Plus belle la nuit, nous a bien aidé à comprendre Lili-Rose et ses besoins. Grâce à elle nous avons instauré le rythme de trois siestes par jour. Des siestes de 45 min à 1h30. Et petit à petit elle s’est réveillée un peu plus tard vers 6h30. Cela nous a pris un bon mois et beaucoup d’investissement (de temps et psychologique) pour y parvenir mais ça valait clairement le coup. 

Les régressions du sommeil

Ce à quoi nous n’étions pas préparés, ce sont toutes les régressions du sommeil qui allaient suivre. Que ce soit à cause du mal de dents, des maladies, des pics de croissance, de développement, l'acquisition de la marche, l'acquisition du langage, l’angoisse de l’abandon… Il y a toujours une raison pour que le sommeil de notre fille soit perturbé et donc le notre aussi !

Le plus dur a été vers l’âge de 10 mois et la première période d’angoisse de l’abandon. Alors que Lili-Rose s’endormait en parfaite autonomie en seulement 5 min chaque soir, soudainement, les endormissements sont devenus un enfer. Elle hurlait, ne pouvait pas rester seule. On a très vite compris qu’il s’agissait de l’angoisse de l’abandon. Nous avons donc mis en place tout ce que nous avait conseillé notre conseillère en sommeil : jouer au maximum à cache cache, au jeu du coucou. Sortir d’une pièce et revenir pour habituer bébé et lui montrer qu’on revient toujours etc. Malgré tout ça Lili-Rose avait besoin jour et nuit d’être bercée pendant des heures pour s’endormir. Nous étions épuisés. Pendant plusieurs semaines j’ai dû la bercer 5h par jour pour qu’elle puisse s’endormir. Cette période a duré quasiment trois mois ! Là aussi je n’étais pas préparée à ce que ça prenne autant de temps. Mais petit à petit ça s’est arrangé. Nous lui avons aussi donné des tétines supplémentaires pour qu’elle puisse les tenir dans ses mains pendant son sommeil et ça a beaucoup aidé. 

Concilier les casquettes d’entrepreneure et de maman au foyer

Je me suis occupée à temps complet de Lili-Rose jusqu’à ses un an, tout en travaillant pour mon entreprise en tant que photographe et créatrice de contenu. Elle demandait de plus en plus d’attention (faisait du quatre pattes etc) et travailler en même temps relevait vraiment de l’exploit. Je me sentais extrêmement frustrée de ne pas pouvoir me consacrer à mon travail comme je le souhaitais ou de ne pas pouvoir être à 100% avec ma fille. Je culpabilisais tout le temps et j’étais fatiguée. Même si financièrement cela représentait un gros effort pour nous, nous avons donc décidé de la faire garder par une nounou (gastouder en néerlandais) 2 jours par semaine à partir de septembre 2021. 

Si au départ cela a été très dur de la laisser (j’ai à nouveau culpabilisé), c’était avec le recul la meilleure décision pour toutes les deux. Lili-Rose est désormais super sociable et s’est fait plein de copains. Elle adore sa nounou. Et moi je peux enfin travailler et me retrouver seule quelques heures par semaine ce qui ne m’était jamais arrivée auparavant. 

Le burn out parental

Malgré ces deux jours chez la nounou, fin 2021 j’ai vraiment frôlé le burn out (ou peut-être suis-je en train de le vivre). J’ai eu énormément de travail pour les fêtes de Noël. J’ai dû travailler toutes les nuits jusqu’à 3h du matin et me réveiller vers les 6h/7h max pour m’occuper de Lili-Rose ou l’emmener chez la nounou. En plus c’est à cette période qu’elle a arrêté de faire la sieste du matin (la troisième sieste avait déja sauté quelques mois plus tôt).

À l’âge de 15 mois Lili-Rose a commencé à montrer de nouveaux signes d’angoisse de la séparation. À son apogée à 16 et 17 mois. Ajoutez à cela les virus et le mal de dents, nous nous retrouvions comme l’été précédent avec des endormissements chaotiques (et des scènes dignes de l’exorciste), des multiples réveils la nuit et une nouveauté : des réveils qui duraient plusieurs heures. Obligation de jouer à 3h ou 4h du matin pour lui changer les idées et réussir à la rendormir. Nous étions franchement au bout du rouleau. Notre système de tours de garde montrait ses limites. Je rêvais d’une vraie nuit de 7h ou 8h. De ne pas avoir à me réveiller le matin pour une fois. Mais Shu lui se réveillait à 10h pour dormir un minimum d’heure après avoir travaillé jusqu’à 3 ou 4h du matin. Nous avons mis en place de nouveaux rituels de sommeil et depuis quelques jours cela se passe mieux. Pourvu que ça dure !

Ces dernières semaines, je dois avouer avoir beaucoup pleuré. Les nerfs qui lâchent, la fatigue. Je suis si fatiguée que ma patience atteint ses limites plus rapidement. Nous avons réussi à obtenir une troisième journée chez la nounou à partir de mars donc ça devrait beaucoup m’aider à sortir la tête de l’eau. J’espère ! Le plus important c’est de se confier à son ou sa partenaire. Il ne faut pas garder ça pour soi. Et il faut oser demander de l’aide. 

Encore une fois nous vivons à l’étranger donc cette aide est plutôt limitée de notre côté. Mais la nounou ça a vraiment changé nos vies. Il faut vraiment s’écouter pour ne pas sombrer. Et toujours se dire qu’à un moment ça va passer. Vers trois ans il parait que c’est (un peu) plus simple. On croise les doigts !

Voir grandir ma fille, mon plus grand bonheur

A côté de ça, je suis si reconnaissante de pouvoir m’occuper de Lili-Rose au quotidien. La voir grandir et évoluer c’est le plus beau des spectacles, vraiment. On lit 40 livres par jour, on rigole beaucoup, on joue aux gommettes, à la pâte à modeler, à la cuisine. On danse. On explore notre quartier. On va dans les cafés et les restaurants (elle adore). Lili-Rose est une petite fille joyeuse, pleine de vie, très sociable. Elle a un caractère bien trempé. Depuis l’âge de 3 mois elle s’affirme alors je vous dis pas maintenant haha. Ce n’est pas toujours facile mais un sourire, un câlin, ses premiers mots et vraiment on oublie presque tout. Nous souhaitons avoir d’autres enfants et je pensais ne pas trop attendre mais pour l’instant on a beaucoup de mal à s’imaginer devoir nous occuper d’un autre petit être. On va donc sûrement patienter  encore un peu avant de lancer les essais bébé. 

Voilà j’espère que ce témoignage pourra aider certains d’entre vous à se sentir moins seuls. Cela peut-être intéressant aussi pour les personnes sans enfants de le lire car je pense qu’il est impossible avant d’être parents d’imaginer le niveau de fatigue que cela implique. Si vous avez des questions après avoir lu cet article ou si vous souhaitez échanger sur le sujet, vous pouvez me laisser un commentaire ou me contacter via mon compte Instagram.